Bienvenue sur le blog de Soif de lire

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samedi 29 janvier 2011

Un portrait de femme magnifique et cruel


"Dark Island" de Vita Sackville-West

"- Vous pouvez m'épouser si vous le souhaitez. Mais je vous préviens, vous ne savez rien de moi et vous ne serez peut-être pas très satisfait de ce que vous apprendrez. - Je ne crois pas être amoureux de vous. Il ne s'agit pas de ce qu'on peut appeler l'amour... Vous me faites peur et je sais que nous courons au-devant de tous les dangers. Mais je sais aussi que vous m'avez réveillé, et que je me sens vivant depuis que je vous ai rencontrée. En fait, je suis convaincu que vous êtes faite pour moi. [...] Voilà ce dont je suis sûr : je vous veux pour moi seul." Lorsque Venn propose à Shirin de l'épouser, il ne l'a vue qu'une fois, une décennie plus tôt. Elle avait seize ans. C'était à Port-Breton, où Shirin allait en vacances. De la côte, elle pouvait contempler la petite île de Storn, qui la fascinait - elle lui vouait même un culte secret. Mais jamais elle n'avait imaginé s'y rendre, jusqu'à sa rencontre avec l'héritier de Storn : Venn Le Breton, qui l'emmena découvrir l'île. Dix ans plus tard, Venn ignore que c'est de Storn dont Shirin est tombée amoureuse. Devenu son mari, il fera tout pour la plier à sa domination perverse et repousser Cristina, l'amie intime de Shirin venue partager leur huis clos au château de Storn. La relation de Shirin et de Venn sera houleuse, violente, torturée. Leur amour éperdu pour l'île de Storn, héroïne à part entière de ce roman, leur sera tragique ...

Un livre cruel et grinçant qui fit dresser bien des sourcils dans l'aristocratie anglaise lors de sa parution en 1934 mais qui fut applaudi par Virginia Woolf !


jeudi 27 janvier 2011

Un roman sombre du maître hongrois Kosztolányi


"Le cerf-volant d'or" de Dezsö Kosztolányi

Antal Novák enseigne les mathématiques et la physique-chimie au lycée de Szárzeg. Positif, épris de son métier, ayant foi en sa mission d'éducateur, amoureux de la nature, Antal Novàk est respecté par ses élèves qui l'estiment et le craignent à la fois. Mais le professeur est aussi le père de Hilda une jeune fille de dix-sept ans, qu'il élève seul ; le conflit qui l'oppose à Hilda et le mutisme obstiné d'un de ses élèves de terminale bouleversent ses certitudes et font basculer son univers...

Après "Alouette" et "Anna la douce" qui présentaient deux destins de femme, Kosztolányi nous projette, dans la tête et le cœur brisé d'un homme.

Uen très belle plume pour un très beau roman !

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samedi 15 janvier 2011

Le dernier opus du génial Saramago


"Caïn" de José Saramago

En 1992, Saramago avait déjà fait scandale avec "L'Evangile selon Jésus-Christ", dans lequel il dépeignait Jésus perdant sa virginité avec Marie-Madeleine et utilisé par Dieu pour étendre sa domination sur le monde.

Saramago persiste et signe ! Humaniste et furieusement anti-religieux, Caïn est la reécriture libre de la la Bible (une oeuvre de fiction selon Saramago), à partir de l'un de ses personnages les plus emblématiques du mal et premier meurtirer de l'histoire: Caïn. Ce serait l'injustice de Dieu qui aurait poussé Cain à tuer Abel, dit Saramago, et non pas L'envie comme le disent les Ecritures.
Méprisé, rejeté, mal aimé du père céleste, Cain le bon, le laboureur fidèle, s'est rebellé contre l'arbitraire et le favoritisme. Le coupable de la mort d'Abel, c'est Dieu.
Condamné à errer sur la terre, Caïn sera le témoin épouvanté des agissements inconsidérés de ce Dieu rancunier, cruel et corrompu.

Caïn est sans doute le roman qui condense le mieux l'érudition, les inquiétudes, les convictions et le talent de conteur du grand écrivain portugais, prix Nobel de littérature.

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lundi 10 janvier 2011

Un petit "poche" pour un très grand texte !!!!


"L'heure du roi" de Boris Khazanov

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Grand Reich envahit une multitude de pays, grands et petits ; c'est au tour du royaume ancestral, minuscule et glacé de Cédric X.
Le roi et ses sujets baissent la tête et subissent le joug de l’envahisseur. Le vieux roi voit tous les jours s’amenuiser la liberté, le sens de ce qui a constitué non seulement toute sa vie, mais aussi celle de sa lignée, qui remonte fort loin dans les brumes du temps.
Longtemps, lui et ses sujets vont accepter l’humiliation, courber l’échine, jusqu’au jour où dans la petite nation, également, les juifs sont tenus de porter l’étoile jaune.

Il y a des auteurs qui fâchent les puissants. Boris Khazanov en fait certainement partie. Ses oeuvres ne sont toujours pas publiées en Russie où elles circulent sous le manteau. Elles sont en revanche abondamment diffusées en Allemagne. Les thèmes chers à l'écrivain ne pouvaient pas être abordés, ni même simplement nommés en Russie : censure oblige. Khazanov a en effet rompu avec la tradition séculaire des romans fleuves à la Dostoïevski. Il délaisse un courant réaliste qui construit les relations entre les personnages en se fondant sur leur position sociale pour se consacrer à l'étude des mentalités et de l'individu.

Diffusé à partir de 1976, "l'heure du roi" est un exemple d'engagement littéraire, une oeuvre entre le roman et l'essai, le conte moderne et le récit philosophique. Un livre en dehors du temps, qui mérite de rester au chevet de toutes les consciences.

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lundi 3 janvier 2011

Le nouveau Jonathan Coe sortira le 20 janvier !!!


"La vie très privée de Mr. Sim" (Gallimard, janvier 2011)

Maxwell Sim est un loser de quarante ans. Voué à l'échec dès sa naissance (qui ne fut pas désirée), poursuivi par l'échec à l'âge adulte (sa femme le quitte, sa fille rit doucement de lui), il s'accepte tel qu'il est et trouve même certaine autosatisfaction à son misérable état.
Mais voilà qu'une proposition inattendue lui fait traverser l'Angleterre au volant d'une Toyota hybride, nantie d'un GPS à la voix bouleversante auquel il s'adressera, à force de solitude ! Son équipée de commis-voyageur, représentant en brosses à dents écolos et dernier cri, le ramène parmi les paysages et les visages de son enfance, notamment auprès de son père sur lequel il fait d'étranges découvertes : le roman est aussi un jeu de piste relancé par la réapparition de lettres, journaux, manuscrits qui introduisent autant d'éléments nouveaux à verser au dossier du passé.
Brouillant joyeusement les cartes de la vérité et de l'imposture, Coe l'illusionniste se réserve le dernier mot de l'histoire, qui ne manquera pas de nous surprendre. Plus d'une génération va se reconnaître dans ce roman qui nous enchante avec un humour tout britannique, bien préférable au désespoir !