Bienvenue sur le blog de Soif de lire

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jeudi 18 juillet 2013



"La liste de Freud" de Goce Smilevski (parution en septembre 2013, éditions Belfond)

Récompensé par le prix européen pour la Littérature, un roman fascinant qui donne à voir un épisode peu évoqué de la vie de Freud.

Toutes le soeurs de Sigmund Freud (sauf Anna, l’aînée mariée en Amérique) périrent en déportation en 1942 et 1943.
Sigmund Freud, lui, mourut en sécurité dans sa belle maison anglaise en 1939, un mois après le début de la guerre. Son principal hagiographe Ernest Jones, à propos de la fin des quatre sœurs, écrit
simplement: « Par bonheur, il ne sut jamais ce qu’il advint d’elles ». Tout est bien puisque l’âme du grand homme peut dormir en paix. Et, après tout, le calvaire final de Rosa, Mitzi, Adolphine et Paula n’est que l’aboutissement de vies sacrifiées dès l’enfance à la gloire de l’aîné, le“Sigi en or”d’Amalia, sa mère idolâtre.
Freud a quatre-vingt-deux ans. Quand survient l’Anschluss, il se dit d’abord trop vieux et trop malade pour quitter
Vienne, mais il cède finalement à la pression de son entourage. 
Grâce à quelques autres appuis ou connaissances, y compris au sein du régime Nazi, Freud put sauver une bonne partie de sa fortune ainsi que ses collections de statuettes antiques et put faire une liste de personnes à faire émigrer parmi lesquelles sa femme, sa belle-sœur Mina, ses fils, filles, brus, gendres, petits-enfants, l’amie d’Anna, les domestiques, les
médecins particuliers, sans oublier le chien et la précieuse collection à laquelle Freud attachait la plus grande importance.
C'est Adolphine Freud , l'une des soeurs sacrifiées et par ailleurs mal aimée, qui narre cette épisode lugubre, et qui dresse le portrait d'un Freud mégalomane, égoîste, et dominateur.
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samedi 13 juillet 2013

Une très belle découverte de la rentrée 2013 !

 
"La cravate" de Milena Michiko Flasar 
(parution le 28 septembre aux éditions de l'Olivier)

C'est d'une rencontre improbable dont il s'agit ici. Celle de Ohara Tetsu, "salaryman" japonais (cadre qui dédie sa vie à son travail et ses collègues de travail) et de Tagushi Hiro, un "hikikomori" (jeune homme accablé par la société, cloîtré dans sa chambre chez ses parents).
Le jeune Tagushi Hiro décide, au bout de deux ans, de sortir de sa chambre et s'installe sur un banc isolé du parc. Sur le banc voisin, Ohara Tetsu en costume et cravate -l'uniforme du salaryman- mange son bento, lit le journal, fait sa sieste. Le même scénario se reproduit jour après jour créant un lien entre ces deux hommes que tout oppose ou presque.
Leurs entretiens sont de plus en plus longs, de plus intimes. On apprend pas à pas, difficilement, ce qui a fait basculer leurs vies réciproques, et notamment les lâchetés qui minent leurs consciences. Au fur et à mesure que chacun se raconte, c'est un lent retour vers la vie et ses réalités auquel assiste le lecteur.
Dans ce roman court et intense, Milena Michiko Flasar aborde l'absurdité de la société contemporaine, le poids des pressions sociales, la peur de l'individualisme.

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jeudi 11 juillet 2013

Un nouveau J.M. Coetzee pour la rentrée !



 
"Une enfance de Jésus de J.M. Coetzee (parution le 22 août 2013, éditions du Seuil)

Un homme d'âge moyen, Simón et un jeune garçon, David arrivent volontairement, par bateau, dans un nouveau pays. On ne sait pas pourquoi, ni comment ils sont partis de leur pays d'origine mais comme d'autres avant eux, ils vont passer par un camp de transit où on leur donnera une nouvelle identité , où ils apprendront l'espagnol et entament "une nouvelle vie". Simón n'est pas le père de David ; pendant le voyage, David a perdu la lettre dans laquelle se trouvait le nom de sa mère et Simon se donne comme but de retrouver la mère de l'enfant.
David ne se rappelle pas de sa mère, Simón ne la connaît pas mais assume qu'il la reconnaîtra quand il la verra.

Commence alors la quête de cette mère dans un pays aux relents de communisme poussiéreux ; les gens vivent dans des logements sociaux, mangent surtout du pain ... tout est peu cher ou gratuit, le travail manuel est à l'honneur, l'individualité gommée au profit du groupe ...

Inés, une trentenaire, sera l'heureuse élue. Elle accapare l’enfant, dont elle fait sa chose et le soustrait au système éducatif, par la fuite vers encore une autre vie.

Coetzee s’intéresse-t-il au traitement utopique des réfugiés dans un système bureaucratique efficace et une société purgée de passion ? Aux rapports pédagogiques et tendres entre le gardien Simon et sa charge, David, enfant précoce, parfois cabochard ? Aux effets de l’ignorance dans laquelle se trouve un enfant qui ne connaît pas ses parents biologiques ?
Autant de questions philosophiques, politiques, religieuses, morales qui restent sans réponse, qui en amènent de nouvelles comme dans un cycle éternel.
Coetzee nous plonge dans un récit énigmatique, d'une étrange et simple beauté ...

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